1. (Rocle 🙂 « Quant aux autres amusements scientifiques, nous pouvons fort bien les conserver ; car ils ne nous ont jamais servi à autre chose qu’à procurer parfois à nos hôtes un innocent divertissement.
Mais nous pouvons aussi les détruire, afin que nul ne puisse nous les reprocher. La pleine lune artificielle doit disparaître avant tout, d’abord parce qu’elle est trop grossière et ne fait même plus illusion aux yeux des plus ignorants. Il faut supprimer les arbres, buissons, statues, colonnes, fontaines et puits parlants, et les remplacer par autre chose de meilleur.
Mais les dispositifs électriques peuvent demeurer, de même que les divers miroirs ardents ; car ces objets sont du domaine de la science, et l’on peut, grâce à eux, guérir diverses maladies. Il en va de même de notre savoir-faire d’apothicaires et de l’art de fabriquer le verre, de le tailler et de le polir.
2. En somme, gardons tout ce qui, chez nous, est pur objet de connaissance scientifique, et mettons fin à tout le reste ! Pour cela, nous n’avons de comptes à rendre à personne ; car l’institut est notre propriété, et, selon la loi romaine, nous avons incontestablement le droit d’en disposer à notre guise. Si nous voulons faire quelque chose pour le peuple, nous le faisons parce que nous le voulons, car nous ne sommes à la solde ou au service de personne.
Nous sommes nos propres maîtres et, en tant que Romains et sujets de Rome nous-mêmes, nous jouissons de la même protection légale que tous les omains ; de plus, nous possédons de si grandes richesses que, même si nous vivions comme des Crésus, nous ne saurions les épuiser en mille ans.
Même d’un point de vue purement terrestre, nous n’avons donc aucune raison de rougir ! Quant au Seigneur, nous n’avons plus de secrets pour Lui. Il est le seul, en vérité, devant qui nous dussions avoir honte, mais nous avons réglé nos comptes avec Lui.
Et s’il nous est favorable à présent — car II doit bien savoir par avance que, jusqu’à la fin des temps, nous accomplirons Sa volonté, aussi pure que nous venons de la recevoir —, II nous sera assurément favorable non seulement jusqu’à la fin des temps, mais dans l’éternité de l’au-delà.
3. Songez quelle folie ce serait, de la part de n’importe lequel d’entre nous, de chercher querelle à un aveugle parce que, marchant sur un chemin inconnu, il aurait trébuché contre une pierre et se serait fait mal en tombant ! Ah, s’il y voyait, on pourrait sans doute lui dire : “À quoi te servent tes deux yeux, ami ?”
Mais on ne peut faire un tel reproche à un aveugle qui ne connaît pas la lumière de la vie, et pour qui le soleil ne se lève ni ne se couche jamais.
Nous aussi, nous étions des aveugles en esprit, et nul ne pouvait nous prendre par le bras et nous mettre sur le bon chemin !
Mais si nous sommes souvent tombés sur un chemin que nous ne voyions pas, qui peut nous en demander compte et nous faire honte pour cela ?!
Savions-nous ce que nous savons à présent ? Qui aurait bien pu nous l’apprendre ? Mais maintenant que nous savons, nous agirons en conséquence, tout comme nous agissions jusqu’ici selon ce que nous savions.
4. De plus, la question à présent n’est pas de savoir si nos personnes tireront ou non quelque gloire de cette transformation de notre institut,
mais uniquement que le monde ne puisse nous soupçonner de tromperie, puisque nous voulons à l’avenir travailler dans la vérité pour le bien des hommes, et pour cela, il faut que ceux que nous instruirons et guiderons aient envers nous une grande confiance et une certaine estime, que nous ne devons à aucun prix compromettre si nous voulons que nos efforts portent leurs fruits.
5. Tout est donc pour le mieux, et nous pouvons supprimer tout ce que nous voudrons sans que cela fasse grand scandale. Seules les éclipses de lune et de soleil nous causeront quelque difficulté, au moins au début, parce qu’elles ne vont assurément pas cesser !
Et une foule de gens de toute sorte viendront alors nous trouver en disant : “Pourquoi nous faites-vous subir de telles horreurs ?! Si nous sommes coupables envers vous et les dieux, pourquoi ne nous exhortez-vous pas à faire pénitence et à vous apporter des offrandes, à vous et aux dieux ?!” Que leur répondrons-nous alors ?
6. Oui, c’est bien là que le bât blesse, et il sera certes bien difficile de se tirer de ce mauvais pas par la pure vérité divine, sans le moindre mensonge pieux !
Or, la volonté du Seigneur est qu’aucun mensonge ne franchisse jamais nos lèvres, même par nécessité ! Que faire alors ?! Oh, c’est à désespérer ! Oui, c’est bien là que mes bœufs s’arrêtent net au pied de la montagne et refusent de tirer l’attelage sur la paroi à pic ! »
7. Un autre compagnon dit : « Eh bien, interroge donc le Seigneur et Maître de toute chose ! Il saura bien te prodiguer un conseil, là aussi !
Quant à nous, nous pourrions retourner cela dans nos têtes pendant des années sans qu’il n’en sorte rien de sage ! Mais nous sommes encore à la source où nous pouvons puiser les meilleurs conseils. Nous serions vraiment fous, en une circonstance aussi capitale, de ne pas vouloir demander au plus sage de tous, au Créateur de toute chose, ce que nous devons faire, pour le plus grand bien du royaume de Dieu sur terre, afin de ne pas subir l’opprobre de l’aveugle humanité terrestre ! »
8. Rocle dit : « Tu as raison, sans doute, et je pourrai toujours faire cela pour le bien de la propagation de Sa divine doctrine ;
mais nous devons d’abord nous demander en toute honnêteté si ce n’est pas en soi une trop grande folie que d’en appeler à Son amour et à Sa sagesse divine pour une telle chose, et si nous avons bien le droit de Lui poser cette question, qui laisserait paraître soit notre sottise encore trop grande, soit notre trop peu de respect pour Son incontestable divinité ! »
9. Un autre encore dit alors : « Oui, tu raisonnes sans doute fort bien et justement ; mais, vois-tu, tout cela ne nous avance à rien ! Si un homme tombe à l’eau et appelle à l’aide, il n’importe guère qu’il y soit tombé par un malheureux hasard, ou délibérément et par sa propre bêtise !
Quand l’eau commence à lui entrer dans la bouche, il ne songe vraiment plus à ce qui l’y a amené, et il crie avec angoisse : “A l’aide, à l’aide !”
Qu’il soit secouru ou non, c’est bien sûr une autre affaire, qui dépend uniquement de l’adresse de celui que le malheureux a appelé à son aide. Voilà mon opinion ! »
10. Rocle dit : « Tu parles d’or, et il faut que j’interroge le Maître des maîtres ! Je cours Lui soumettre notre embarras ! » GEJ5 CH142 untitled (retour-du-christ.fr)