Scène de passage dans l’au-delà : Un ministre

(Le 12 août 1847)

1.  Puisque aussi les grands messieurs de ce monde doivent mourir, une particularité de la  vie extrêmement fatale pour eux, contre laquelle il n’ont pas encore réussi à créer,  malgré toute leur habileté politique et diplomatique, une   société ou union leur assurant d’en échapper,   il a bien fallu que notre   ministre s’apprêtât un jour à  échanger le temporel avec l’éternel.

2.  Pour de telles personnes, mourir est la chose la  plus désagréable du monde, mais l’ange de la mort ne s’en soucie pas . Lorsque il voit que la mesure de la  vie est pleine,  il   prend  celle-ci sans grâce ni répit !

3.  Notre ministre, un homme à qui  tout le monde  rendait hommage à cause de son habileté politique , fut cloué à un âge avancé sur son lit de malade par une fièvre catarrhale avec une goutte qui l’a torturé  pendant la moitié d’un mois, et plus il prenait  de médicaments pour remédier à ce mal, plus il souffrait.  Vers la fin il s’est fâché et a menacé les médecins d’arrestation, à moins qu’ils ne rétablissent bientôt sa santé.

4.  Cependant, au lieu de mettre sa menace à exécution, il est tombé le seizième jour de sa maladie dans un coma dont il ne s’est pas réveillé en ce monde, sauf une heure juste avant sa mort. Durant cette heure il a fait connaître ses dernières volontés quant à ce qui devait être fait avec ses propriétés considérables, où les pauvres, comme d’habitude avec de tels gens, n’ont été que très peu pris en considération, et se sont vu attribuer quelques mille florins comparés aux plusieurs millions légués par ailleurs!

5.  Ainsi l’Église aussi a été favorisée pro-forma avec un legs, cependant, pas du fait de quelque foi aveugle – car une telle personne n’a que rarement la foi ou pas du tout et tout ce qu’elle fait est de la politique pure – mais seulement, comme cela vient d’être dit, parce que la politique l’exige.

6.  Ayant dicté ses dernières volontés, il est retombé en arrière sur son lit et est mort, sans prendre ni confession ni communion, acte auquel de toute façon – en ce qui le concerne– il ne tenait pas du tout. Et c’est ainsi que vint pour lui la fin pour toujours en  ce monde;  nous ne resterons donc  pas plus longtemps avec son cadavre, mais passons immédiatement dans “l’au-delà” pour découvrir comment notre homme très fier et aristocratique se comporte.

7.  Vous voyez, nous y sommes déjà et notre homme est debout   dans son habit officiel complet devant nous et  devant quatre anges  voilés, mais il ne voit que ces derniers. L’endroit où il se trouve est son cabinet privé, où il avait entrepris de traiter une  affaire importante et de la mener à bien.

8.  Maintenant il voit clairement les quatre anges dans son cabinet secret et il peut à peine contenir sa colère quant à l’audace extrême de ces quatre filous, comme il le pense. Il bondit pour atteindre la sonnette, il essaye de tirer le cordon, mais la sonnette ne donne aucun son.

9. “Trahison! Haute trahison!” crie-t-il aussi fort qu’il peut. “Comment de misérables canailles ont-elles réussi à entrer dans ce cabinet, qui n’est accessible qu’à moi seul, et où les affaires les plus secrètes et saintes de l’État sont préparées et gardées ? Savez-vous qu’une aussi haute trahison est punissable par la mort ? Lequel de vous a trafiqué cette cloche pour que maintenant, dans ce moment décisif, elle ne puisse émettre aucun son ? Avouez, bandits, qui de vous est le meneur ? “

10.  Le premier ange parle : “Écoute patiemment et attentivement ce que je vais te dire maintenant! Je suis bien au courant de la règle sage selon lequel aucun homme sur la terre, sauf le roi, ne peux entrer dans ce cabinet. Si tu étais toujours sur la terre, tu ne nous aurais pas vus dans cet endroit. Mais tu vois, tu es maintenant mort dans ton corps physique et tu es à présent dans le monde des esprits, où il n’y a qu’un seul Seigneur, tandis que tous les autres esprits sont entre eux des frères, bons et mauvais, selon qu’ ils ont agi sur la terre  d’une façon bonne ou mauvaise. Ainsi il nous a été donné de la part du Seigneur  le droit et le devoir d’amour de visiter chacun en offrant nos services, tant qu’il est, comme toi, accessible à nous.

11.  Et le  message que nous devons te délivrer de la part de l’unique Seigneur est de t’informer et de te révéler qu’ici,dans ce monde éternel, tout honneur  et tout statut temporel  a cessé d’exister, ainsi que toute politique; et ce cabinet, ton habit et tous tes documents d’État présumés importants sont seulement une tromperie et sont issus de ta fantaisie qui s’accroche encore très fortement au monde,  et ils disparaîtront aussitôt que tu nous suivras.  – Si tu nous suis, tu auras un chemin facile vers le vrai royaume éternel de la vie, où il y a un bonheur sans mesure; si, cependant, tu refuses de nous suivre, ce sera pour toi extrêmement difficile de parvenir au Royaume vivant de Dieu. Car vois-tu, avec la permission de Dieu, tu étais un grand homme dans le monde et avais un grand pouvoir. Cependant, ce pouvoir a éveillé puissamment en toi la soif de dominer et cela t’a amené à faire beaucoup de choses contraires à l’ordre divin. De plus,  le pouvoir temporel exercé par  ta   soif de domination t’a aussi enlevé la croyance au Seigneur et bien souvent tout amour du prochain,  et t’a  donc rendu totalement inapte pour le Royaume de Dieu.

12.  Mais tu vois, le Seigneur sait quel lourd fardeau tu as dû porter et Il ressent une grande pitié pour toi. Donc Il nous a envoyés à toi, pour que tu puisses être sauvé et relevé afin que tu ne périsses pas sous le grand fardeau temporel que tu as amené avec toi. Ne pense pas ici être jugé; car dans le royaume de la liberté de l’esprit il n’y a aucun jugement et aucun juge, en-dehors de  la  volonté libre propre à chaque être humain! Ne pense pas à l’enfer non plus. Il n’est nulle part, sauf dans chaque personne, si cette personne le crée en elle par son propre mal. En même temps, ne pense pas au ciel comme une récompense promise pour de bonnes œuvres. Laisse la Parole du Seigneur Jésus être ta volonté, cherche-le Lui seul avec elle! Une fois que tu L’auras trouvé, tu auras tout le ciel et grâce à l’amour tu auras un pouvoir totalement différent de celui que tu avais eu l’habitude d’avoir dans le monde  grâce à ton intelligence mondaine et  ta haute position. Maintenant tu sais tout; fais ce que ta  volonté libre te permet au nom du Seigneur Jésus. Amen.”

13.  Le ministre dit : “Vraiment, votre discours est sage et est un signe pour moi que tout est comme vous le dites. Il est maintenant très clair pour moi que je suis mort physiquement. Mais je ne peux pas saisir qu’un certain Juif Jésus soit le Dieu unique et le Seigneur! Que sont alors “le Père” et “l’Esprit Saint”? Vous voyez, ceci n’est pas en accord avec l’enseignement de Jésus, qui était le premier à enseigner partout l’existence d’une trinité divine! Donc, pardonnez-moi si je ne peux pas vous suivre aussi rapidement que vous le désirez, à moins que vous ne m’en convainquiez rapidement !”

14.  L’ange dit : “Frère, cela n’arrive pas si rapidement que tu le penses. Tout d’abord, renonce à ton costume d’État et mets-en  un autre, celui de l’humilité et et de l’abnégation, et tu seras bien vite  convaincu de ce qui t’apparaît jusqu’à présent inconcevable.”

15.  Le ministre répond : “Bien alors, occupez-vous de moi et montrez-moi la voie juste,  grattez soigneusement tout le temporel de mon âme, et on verra alors ce qu’il en est de vos déclarations.”

16.  Maintenant les trois autres anges apparaissent plus clairement et enlève l’habit officiel de l’homme et le remplace par  des haillons gris-cendre sales. Et le deuxième ange lui parle maintenant : “Maintenant tu es revêtu de  la robe de l’humilité. Mais ceci seul est insuffisant, car tu dois être humble dans les faits. Suis-nous donc ! “

17.  L’homme  les suit et voyez, ils parviennent à une ferme et lui disent : “Tu vois, un homme dur vit ici qui possède de grands troupeaux de porcs. Tu le serviras et devras te contenter de tout ce qu’il t’offrira; et s’il est dur et injuste envers toi, tu supporteras tout avec patience et ne chercheras de  satisfaction que dans la grâce et la pitié du Seigneur.”

18.  “S’il te frappe, ne rends pas les coups; offre-lui ton dos, comme un esclave, de même que tu as souvent vu – au titre de la subordination militaire –  plus d’un pauvre soldat se coucher contre sa volonté sur le banc et supporter une  dure punition qui était  souvent tout à fait injuste. Si tu supportes tout ceci avec une juste patience, un meilleur lot sera ta part.”

19.  Sur ce l’homme dit : “Mille mercis pour ces conseils! Rendez-moi seulement mon habit officiel, espèce d’imposteurs,  je trouverai moi-même ma propre voie! Regardez-moi ces canailles! D’un homme comme moi, d’une lignée de  vingt ancêtres au moins, ils veulent faire de but en blanc un porcher! Oh, si  j’étais encore dans le monde, je vous ferais payer cela de telle façon que vous vous en souviendriez! Et ces vagabonds se font même passer pour des messagers de Dieu! Non mais, attendez un peu, vous prétendre messagers de Dieu vous coûtera cher!”

20.  Voyez, les anges lui rendent son costume officiel et lui disent : “C’est comme tu le souhaites. Voici ton vêtement terrestre! Si tu ne veux pas marcher sur les routes de la vie, marche sur tes propres routes; notre service avec toi est terminé.”

21.  Voyez dans quelle sorte d’eau notre homme se déplace; là il devra nager longtemps avant qu’il n’arrive, comme le Fils Prodigue, sur   le chemin du retour vers  le Père.

22.  Que chacun prenne garde à la soif du pouvoir, car elle a toujours les mêmes conséquences. – Et prochainement  un autre exemple !

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